Un grand futur producteur africain de gaz, la Mauritanie avait connu, auparavant, une expérience d’environ 20 ans dans la production du pétrole, du champ Chinguetti, exploité pendant cette durée par l’opérateur malaisien Patronnas.
Une expérience qui aurait dû être suffisante pour mettre en place une stratégie nationale, pour le développement du « contenu local ». Une stratégie qui vise l’implication directe des opérateurs économiques nationaux dans toute la chaine de valeur, par le renforcement du tissu industriel et des compétences locales.
Le concept « contenu local » ou « local content », apparu en Grande Bretagne, dans les années 70, renvoie aux retombées directes dans l’économie nationale à travers les activités industrielles, l’exploitation des services et des biens locaux et les salaires des employés. En dehors du paiement des taxes, et des revenus ou royalties perçues par le pays possédant la ressource exploitée.
Malgré l’importance des revenus de l’Etat mauritanien tirés de l’exploitation du champ Chinguitti, et qui ont dépassé 600 millions de dollars, on constate que le « contenu local » n’était pas présent dans la stratégie de l’exploitation. Car il n’y a pas eu d’impact visible sur le développement des compétences nationales et la promotion des entreprises industrielles locales.
La majorité des prestataires des services industriels et les opérateurs impliqués directement dans les activités pétrolières étaient des entreprises étrangères. Idem pour la plupart des compétences et les expertises exploitées dans tout le processus, en amont et en aval.
Malgré leur absence passée, les entreprises locales ont de nouveau une opportunité d’être impliquées directement dans les projets en cours, comme sous-traitants locaux pour les géants industriels internationaux chargés de l’exécution.
Actuellement, dans le cadre du développement de la première phase du champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA), BP a investi plus de 4 milliards de dollars pour l’exécution des quatre principales composantes du projet (le brise-lames, l’ingénierie sous-marine, le FPSO et le FLNG), partagées entre la Mauritanie et le Sénégal.
Le développement de la première phase du projet GTA, doit être une occasion de formation des compétences et de transfert d’expériences ; afin que les entreprises nationales soient suffisamment préparées pour participer activement dans la 2ème et 3ème phase de l’exploitation du champ.
Les activités industrielles dans le développement du projet, doit être partagées, d’une manière équitable, entre les entreprises mauritaniennes et sénégalaises, conformément aux accords signés entre les deux pays.
A présent, la comparaison entre les chantiers dans les deux pays, montre que les sous-traitances confiées à la Mauritanie sont principalement limitées au domaine de la logistique, contrairement aux celle confiées au Sénégal.
La stratégie nationale pour le développement du contenu local, qui sera mise en place par le projet d’Appui aux Négociations des Projets Gaziers et de Renforcement des Capacités Institutionnelles (PADG), doit mettre en avant un mécanisme pour le financement des entreprises industrielles locales et maintenir un programme de formation pour les entreprises et la qualification de la main-d’œuvre. En exigeant, une participation nationale dans toutes les activités des entreprises internationales œuvrant dans le domaine des hydrocarbures.
En plus de la composante logistique, la nouvelle stratégie doit se focaliser sur la promotion des services industriels en lien avec l’activité pétrolière, comme un facteur majeur dans le développement du contenu local.
Concrètement, cette stratégie doit permettre aux entreprises nationales en question de prendre une part plus importante du « cost oil », et de faciliter ainsi l’intégration de la filière à l’économie nationale.